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Daniel Formigoni, luthier-archetier depuis 1996. Suisse

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Interviews

Publication date

18/10/2017

Imaginez que nous ne connaissons rien à ce sujet … pouvez-vous décrire votre profession?

Mon travail consiste à fabriquer et à restaurer des instruments de musique et des archets. Je fabrique des instruments à cordes frottées et pincées. Je me concentre essentiellement sur des instruments datant des périodes allant du XVIe au XIXe siècle. Mon métier, et mon plaisir, est de transformer des matériaux bruts pour aller jusqu’aux dernières finitions et réglages. L’idée qui me dirige est de faire un objet d’art, mais qui, finalement, devient l’outil fonctionnel du musicien.

Quels matériaux utilisez-vous ?

En tant que luthier et archetier dit « baroque » ou « d’instruments historiques », j’ai la chance de travailler de nombreux matériaux. Bien entendu le bois, dont les essences sont très variées : érable, épicéa, noyer, cerisier, ébène, pernambouc, amourette en sont quelques exemples. De plus, nous travaillons d’autres matériaux nobles tels que l’ivoire, l’écaille de tortue, les cuirs et parchemins, la soie, mais aussi des métaux comme l’argent ou l’or.

Qui est votre profil de client idéal ?

Le « clients », terme que je n’aime pas, est musicien. D’autres peuvent être musicologue, collectionneur ou musicothérapeute. Le « client »idéal et celui avec lequel une collaboration puisse se faire entre lui et moi, une entente et un partage entre ses exigences ou souhaits et mes compétences ou capacités.

Vous avez choisi d’être un artisan. Comment ce choix vous est apparu comme une évidence ?

Je voulais faire un bel objet, mais qui soit également un outil servant à faire une des plus belles choses de la vie : de la musique. Le bois c’est imposé à moi, la musique aussi. D’un père restaurateur de tableaux et tailleur de pierre (oui, c’est possible) j’ai très jeune été sensibilisé aux arts et, simultanément, à l’artisanat.

Définissez-vous votre travail comme une passion? Quel est le meilleur moment de votre travail? 

Très passionné mais…passion, étymologiquement, signifie souffrance. Par conséquent, je dirais que le meilleur moment de mon travail est lorsque mon instrument est terminé et que mon « client » se trouve satisfait.

 

Quel rôle jouent le « talent», le «savoir-faire» et la «créativité» dans votre métier? 

Le talent, à mes yeux, n’existe pas. Ce mot permet simplement de relativiser le temps et l’énergie consacrée à l’apprentissage du métier. Le savoir -faire est la conséquence de l’énergie consacrée à l’apprentissage, quant à la créativité… elle s’opère d’elle-même lorsque la technique est encrée et que l’expérience a fait son chemin. Tout s’apprend, il s’agit simplement de le vouloir et d’y consacrer de l’énergie.

Et qu’en est-il de l’innovation, quels sont les changements depuis que vous avez commencé ? Utilisezvous de nouveaux matériaux, outils, processus, une stratégie marketing, Quel impact sur vos performances ?  Comment votre profession pourrait-elle être plus innovante? 

A mes yeux, l’innovation et la création, subtile ou flagrante, opère dans le fait de faire.

De nombreuses expériences ont été faites concernant de nouveaux matériaux, cependant on en reste toujours aux produits les plus élémentaires dont j’ai parlé plus haut. C’est d’ailleurs là notre plaisir et notre chance.

Nous traversons une période très intéressante dans mon domaine. En effet, j’observe beaucoup de luthiers expérimentant et tentant de nombreuses choses audacieuses. La qualité de la lutherie et de l’archèterie actuelle permet des audaces sans que celles-ci soient décriées.

J’ai énormément travaillé pour acquérir le métier. J’ai traversé, et je traverse encore, de nombreuses embûches, mais c’est là la beauté de la chose.

Où et combien de temps avez-vous été formé avant d’être prêt à créer votre entreprise? SI vous souhaitiez inviter les jeunes générations à choisir votre profession, quel serait votre message?                   

J’ai été formé durant cinq ans pour la lutherie du quatuor, deux ans pour celle de la guitare, trois ans pour celle du luth, deux autres années pour gentiment cerner l’archèterie. Cependant, je pense, malgré vingt et un ans de travail, demeurer en formation… Il me semble que mon métier est l’un des plus complet (et complexe)des métiers et c’est pour cela que nous ne cessons d’apprendre ; c’est encourageant !

En conclusion, écrivez une citation, une expérience significative ou une réflexion personnelle que vous souhaitez partager avec nous et expliquez pourquoi? 

“Ce n’est pas la matière qui génère la pensée, c’est la pensée qui génère la matière.” Giordano Bruno

Ainsi, les mots sont les outils de notre pensée et nos mains le prolongement de notre cerveau… voilà ce que je pense aujourd’hui.

 

Pour savoir plus sur cet artisan, voir son profile





















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