Le 17 Décembre 2020, l’inscription par de « l’Art de la perle de verre » sur la liste représentative du Patrimoine Culturel Immatériel de l’Humanité est validée par le Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel auprès de l’Unesco.
C’est en Janvier 2018 que cette aventure commence, lorsque l’Association Italienne Comitato per la Salvaguardia dell’Arte delle Perle di Vetro Veneziane (CPVV) contacte l’ Association des Perliers d’Art de France (APAF) afin de travailler ensemble sur ce projet ambitieux.
Après une première reconnaissance nationale à l’été 2018 avec l’inscription au patrimoine culturel immatériel Français de “l’artisanat de la perle de verre”, les 2 pays ont alors travaillé ensemble et déposé le dossier de candidature à l’Unesco, en vue d’une reconnaissance mondiale en Mars 2019.
VIDEO: lien vers la vidéo réalisée dans le cadre de notre dossier de candidature
L’attente fut longue pour les 2 communautés, mais l’annonce de l’inscription le 17 Décembre 2020 est arrivée comme le plus beau des cadeaux de Noël. En particulier en cette fin d’année 2020 de crise sanitaire.
Il a fallu à nouveau faire preuve de patience avant que les 2 communautés ne puissent célébrer officiellement cet évènement. C’est en Septembre 2021 que l’APAF, en collaboration avec l’association les Amis du MusVerre et le musée, organisent une cérémonie officielle dans le cadre exceptionnel du MusVerre de Sars Poteries (FR). L’occasion également de célébrer les 20 ans de l’APAF, et ce dans le cadre de la 10ème Biennale du verre et de la Perle organisée par les Amis du MusVerre .
La situation sanitaire restant difficile, des membres du CPVV Italien nous ont rejoint par vidéo conférence lors de la cérémonie de remise officielle du certificat par Valérie Perles, chargée de mission Ethnologie – Patrimoine culturel immatériel ·au ministère de la Culture Française, à Suzanne Nézot Failles, fondatrice et 1ère présidente de l’APAF.

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A propos de l’Art de la perle de verre en France et en Italie
La fabrication de perles de verre est une technique ancestrale vieille de plus de 3500 ans. Parmi les multiples technique du verre, elle se singularise par la portée symbolique de la perle, et par son importance tout au long de l’histoire de l’humanité., et aujourd’hui par la vitalité de la création contemporaine.
En France, ce savoir-faire s’appuie sur une tradition existant depuis le 2ieme siècle avant JC et attestée par des sources écrites depuis le 16ème siècle (et depuis le 14ème siècle à Venise). Menacé de disparition à la fin du 20eme siècle à cause de la concurrence mondiale et du désintérêt du public pour les perles de verre, il connaît un nouvel essor depuis une vingtaine d’années, grâce à des artistes fascinés par le feu et leur désir de maîtriser la matière.

Tout en s’appuyant sur les techniques traditionnelles du métier, les perlières et les perliers travaillent au développement de nouvelles techniques, à la transmission de leur savoir-faire et à la valorisation de ce métier complexe et exigeant. L’accent est mis sur une expression artistique et créative individuelle et unique.
Plusieurs centaines de facteurs de perles exercent ce métier dans leur atelier individuel un peu partout en France (dont plus de 200 adhérents APAF).
En Italie, ce savoir-faire est principalement pratiqué encore aujourd’hui dans la ville historique de Venise, dans les îles de la Lagune (Murano, Burano, Torcello) et dans les territoires adjacents sur le continent (142 membres CPVV).
Les savoirs techniques liés à la fabrication de perles revêtent, à Venise, deux formes : d’une part, les perles ‘a lume’ (au chalumeau), où l’opérateur fond au chalumeau des baguettes de verre en les enroulant sur un mandrin, pour obtenir, selon les techniques et outils utilisés, divers types de perles qui, ensuite, peuvent être gravées. D’autre part, les perles ‘da canna’, réalisées en sectionnant, adoucissant et polissant une canne creuse, composée de plusieurs couches de verre formant un dessin en coupe.
Les savoirs techniques liés à la fabrication, en France, peuvent prendre trois formes : les perles en verre plein sont réalisées au chalumeau et, par rotation et par gravité, encore chaudes, prennent une forme ronde ; quant aux perles creuses, elles sont élaborées soit sur un mandrin, en montant deux disques parallèles et en les rejoignant, soit en soufflant dans une canne creuse. Les perles peuvent ensuite être diversement décorées, toujours dans la flamme.

L’élaboration plus complexe des« murrines », commune aux deux pays, consiste à assembler autour d’un noyau des cannes de verre multicolores.
À Venise, toutes ces baguettes de verre, creuses, pleines ou de type « murrines », sont réalisées sur l’île de Murano, dans les fours (furnace) des maîtres verriers.
La mise en œuvre des perles réalisées comprend, à Venise, l’enfilage (avec la spécificité, pour les perles de rocaille, dites a semenza, de l’usage d’aiguilles très fines rassemblées en éventail), le tissage à pédale, la broderie de fleurs de perles avec du fil de métal et la fabrication de bijoux.
En France sont privilégiés l’enfilage et la fabrication de bijoux.
L’ inscription de l’Art de la perle de verre sur la liste représentative du Patrimoine Culturel Immatériel de l’Humanité souligne l‘importance de ce patrimoine, également celle de le pérenniser par une
reconnaissance mondiale, une nouvelle visibilité et la transmission de ce savoir-faire.

(A noter bien entendu que la fabrication des perles de verre ou leur mise en valeur se retrouve dans de nombreux autres pays européens et sur d’autres continents)
Anuschka Bayens
Anusch travaille la perle de verre au chalumeau depuis 2005. Membre actif de l’Association des Perliers d’Art de France (APAF), elle a fait partie du groupe de travail qui a présenté le dossier de candidature auprès de l’UNESCO.
Depuis 2018, elle donne cours à titre de conférencier auprès de la Cambre, section restauration verre et céramique, un cours sur l’importance de la perle de verre à travers l’histoire de l’Homme.
Elle souffle et coule également le verre et s’initie à la gravure selon la technique traditionnelle Vénitienne du’ battuto’. Depuis 2013, elle partage sa vie entre Murano et Overijse, près de Bruxelles.
Son travail fait l’objet actuellement d’une exposition Focus d’artistes au musée du verre de Charleroi (Belgique). ‘Mes racines dans le ciel’ – visible jusqu’au 6 Mars 2022

LIENS UTILES :
https://charleroi-museum.be/2021/09/16/musee-du-verre-focus-dartistes-anusch-b-mes-racines-dans-le-ciel-exposition-du-23-10-2021-au-06-03-2022/)
Association des Amis du MusVerre de Sars Poteries : https://www.amis-musverre.fr/
Lien vers l’article sur le site de l’UNESCO : https://ich.unesco.org/en/RL/the-art-of-glass-beads-01591
